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Pourquoi glaner ?

"La nature est le plus beau livre d'images, mais nous ne nous arrêtons, hélas ! qu'à la couverture. Pour arriver à feuilleter ce super-album, il faudrait décortiquer la plante, la fleur et le fruit comme un oignon qu'on épluche, ou procéder comme avec un orchestre dont on goûte en détail tous les composants, tout en conservant pleinement l'audition de l'ensemble."

                                                  Malcolm de Chazal

La nature offre un énorme choix de fleurs, de branches, de mousse, de fruits, de baies et de graines à sécher tout au long de l'année, y compris en hiver. Je pense même que je n'aurai pas assez de temps devant moi pour pouvoir explorer toute la palette des possibilités et des harmonies à trouver. Aujourd'hui, je ne sors plus sans mon sécateur, que ce soit à vélo ou à pieds, car je suis une fervente partisane du glanage, et je vais anticiper quelques objections.

Est-ce que je pille ou dénature le paysage en glanant ? Non, car la plupart des fleurs vendues proviennent d'exploitations industrielles très irrespectueuses de la nature et des plantes ; ces fleurs passent par la Hollande pour être distribuées dans le monde entier. Ce mode de production, avec ses produits chimiques et ses transports, est beaucoup plus nuisible à l'environnement que le glanage d'une minorité de fleuristes. J'ai fait le choix de produire moins quitte à ramasser moi-même une partie de mes fleurs séchées, afin d'échapper à cette logique productiviste.

Et si tout le monde faisait cela ? La plupart des gens se déplacent en voiture, et ne remarquent pas les fleurs au bord de la route. Seul un moyen de transport suffisamment lent comme le vélo ou la marche  laisse la possibilité d'observer. Le jour où tout le monde glanera, c'est que tout le monde aura abandonné sa voiture, et aura appris à préférer les objets faits maison aux produits de grande consommation. Devra-t-on s'en désoler ?

Néanmoins, je tiens à rappeler les petits gestes à adopter pour glaner de manière responsable :

- Respecter le végétal en le coupant plutôt qu'en l'arrachant avec ses racines ;

- Ne pas ramasser les fleurs rares ou protégées, ni les fleurs de haute montagne ;

- Ne pas ramasser en grandes quantités.

Le glanage m'a permis d'aiguiser mon sens de l'observation : désormais, je vois tout différemment, même quand je me déplace en milieu urbain. Je ne remarque plus l'agressivité ni la laideur de la ville, mais je regarde sa jolie robe de fleurs. Et bien sûr, les plus belles compositions que j'ai faites sont celles que j'ai créées à partir de fleurs glanées ; elles ont un charme particulier, une histoire, une identité.

Sortez glaner, c'est bon pour la santé !

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